Algérie : vers une véritable dictature ?

Deux évènements graves, dont la presse française a bien peu parlé, ont, ces dernières semaines, marqué la situation en Algérie :

1 – Arrêté le 22 février dernier pour ses post publiés sur les réseaux sociaux dénonçant l’autoritarisme du régime, Hakim Debbazi, 55 ans, est mort en prison faute de soins le 25 avril dernier, alors qu’il était toujours en détention préventive. Pour avoir immédiatement exigé la vérité sur cette mort, lui aussi par post sur les réseaux sociaux, Karim Tabbou, autre activiste du Hirak bien connu, vient à son tour d’être arrêté et emprisonné.

2- Après 30 années d’existence, lâché par son principal actionnaire l’oligarque Issad Rebrab, première fortune privée du pays, le grand quotidien francophone Liberté a définitivement mis la clé sous la porte avec son 9050ème numéro le 14 avril dernier, fermant un peu plus l’accès de la population algérienne à une information pluraliste. Pour beaucoup d’algérien.ne.s, cette décision d’Issad Rebrab de liquider le quotidien dont il était le propriétaire – il aurait pu le vendre – est aussi la conséquence des pressions directes exercées par le pouvoir algérien pour en finir avec un journal dont il n’acceptait pas la liberté de ton.

Trois ans après le début du Hirak, l’Algérie s’enfonce dans un régime de plus en plus brutal et autoritaire, cheminant de la « démocrature » d’hier vers une véritable dictature sur fond de crise économique majeure. Ainsi l’inflation s’écrit désormais à deux chiffres entrainant une valse des étiquettes que bien peu de familles peuvent suivre.

L’enjeu majeur est aujourd’hui pour nous d’aider à desserrer ce verrou répressif et autoritaire qui se referme sur le pays pour permettre à la société algérienne de reprendre son auto-organisation et ses mobilisations. La lutte pour le soutien au  Hirak est une une voie, à l’évidence étroite et complexe, qui exige que toute la gauche, associative, syndicale et politique, s’y engage.