Non à l’invasion du Kremlin en Ukraine

Dans cette crise, deux impérialismes se font face. D’un côté, l’impérialisme russe tente, par la force, de reconquérir sa mainmise sur l’Ukraine et les pays de l’Est, perdue lors de la dislocation de l’URSS en 1991 et l’accession à l’indépendance de ces peuples. De l’autre, l’impérialisme américain et l’OTAN  –  que dix de ces pays ont rejoint, ainsi que l’UE  –  cherche à le contrer. L’encerclement de l’Ukraine par une armada offensive mobilisée par Poutine, et l’envoi, bien que symbolique, de quelques milliers soldats de l’OTAN aux frontières de l’Ukraine, mettent en grave danger la paix au cœur même de l’Europe et dans le monde. La responsabilité de Moscou, l’agresseur, est indiscutable, mais celle de Washington et des impérialismes français, allemand et britannique est importante aussi, liée au passé.

Car l’OTAN ne s’est pas dissout en 1990-91, comme il aurait dû le faire avec la dislocation du “bloc socialiste” et de son Pacte de Varsovie. C’était pourtant une chance historique pour mettre fin à la confrontation entre les deux “blocs”. L’OTAN a continué, et a fini par accepter les demandes d’adhésion des dix peuples, qui, devenus libres, cherchaient ainsi une protection durable contre leur vieil oppresseur russe  –  tsariste d’abord, stalinien ensuite. On les comprend, au vu de leur histoire douloureuse, mais les faits montrent qu’ils risquent de se retrouver, une nouvelle fois, au milieu d’un conflit entre les grandes puissances. Ces pays aussi ont raté une chance historique en 1990-91 : celle de profiter de ce moment inédit et de proclamer leur non-alignement par rapport à Moscou et Washington ; en rejoignant les très nombreux pays non-alignés dans le monde, et en établissant de nouvelles relations de coopération avec tous les peuples sur pied d’égalité, pour la dissolution de tous les “blocs”, le désarmement et la paix.

Mais l’OTAN s’est élargi vers l’Est, et Poutine mène une politique révisionniste et revancharde, visant à rétablir la puissance perdue du Kremlin.

La raison profonde des activités guerrières de Poutine est sa hantise que les grands mouvements d’émancipation dans les ex-“républiques” vassales de Moscou ne finissent par donner des idées de révolte au peuple russe lui-même. Dans une Russie en proie à la misère et à une crise économique endémique, théâtre du gigantesque enrichissement des oligarques (dont le milliardaire Poutine fait partie), qui en trente ans ont privatisé et pillé toute l’économie étatique.

Sa réaction fut la même à chaque fois : invasion armée ou menaces militaires. Rappel : guerre et écrasement sanglant de la Tchétchénie qui aspirait à l’indépendance, en 2000 ; invasion en Géorgie et annexion de l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, en 2008 ; annexion de la Crimée en 2014 et occupation du Donbass (ayant fait 14.000 morts en 8 ans) par des unités paramilitaires “séparatistes” russes financées et armées par Moscou, en réaction à la révolution démocratique du Maïdan qui a destitué le protégé de Poutine, Yanoukovytch ; soutien à la terrible répression du mouvement démocratique en Bélorussie, en 2020-21, contre le truquage des élections par un autre dictateur protégé de Moscou, Loukachenko, avec occupation graduelle de ce pays par les armées russes ; intervention des armées russes au Kazakhstan pour mater la révolte populaire, il y a un mois. Et il mène une répression d’une brutalité inouie contre toute opposition indépendante en Russie même, en falsifiant les élections, en se faisant “élire” à vie, en réhabilitant Staline et les tsars, etc.

La gauche en France – sans soutenir le régime capitaliste de Kiev  –  devrait défendre le droit à l’indépendance et à l’autodétermination de l’Ukraine. Comme pour n’importe quel autre peuple dont le territoire est menacé ou occupé.

Ni Moscou ni l’Otan – indépendance de l’Ukraine.

Paix en Europe. Droit à l’autodétermination des peuples.

13.02.2022

Stefan Bekier (militant d’Ensemble!)