Appel du comité français du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine (RESU), comité auquel participe le mouvement Ensemble!
L’onde de choc de la victoire de Donald Trump, le 5 novembre 2024, continue de secouer le monde et, en premier lieu, les principales zones de guerres et de conflits. Le « président élu » sera officiellement investi le 20 janvier 2025 mais déj&agrav e; ce changement politique a des effets concrets sur la situation mondiale. À propos de l’Ukraine, Trump s’est dit, à plusieurs reprises, capable de régler le conflit en 24 heures, avec sans doute l’intention d’imposer le gel des frontières dans les positions actuelles et la démilitarisation de la région. Cela pourrait signifier que toutes les aides militaires livrées à l’Ukraine pour se défendre seraient stoppées. Ce plan est ce qu’on appelle « la paix des forts » qui donne l’avantage absolu à l’agresseur, l’envahisseur. Dire qu’en France et en Europe des organisations politiques présentent au nom de « la paix des peuples » des projets analogues (gel des positions sans retrait des agresseurs, référendum dans les territoires sous occupation militaire…) !
Poutine a parfaitement compris les intentions de Trump.
Il s’est empressé d’élever l’intensité et le degré de violence de ses frappes, d’élargir la définition de cobelligérance à toute aide apportée &a grave; l’Ukraine et de revoir sa doctrine d’engagement de l’arme atomique. À l’appui de cette révision, il a ordonné le lancement d’un nouveau missile balistique vecteur d’ogives nucléaires. Certes, sur Dnipro, les charges restaient conventionnelles mais le message est clair et le pire est possible.
Aujourd’hui, le but recherché est encore de faire peur aux opinions publiques des pays qui soutiennent l’Ukraine pour qu’elles s’opposent à toutes livraisons d’armes.
Sur le front, les combats sont acharnés et les Russes préparent une contre-offensive massive dans la région de Koursk pour enlever à l’Ukraine le contrôle de ce territoire russe qui pourrait servir de monnaie d’échange lors d’éventuelles négociations. À cette fin, selon différentes sources, un premier contingent de 10 000 soldats coréens est arrivé sur les zones de combat. D’autres sont attendus, des Houthis sont annoncés. C’est un tournant dans l’internationalisation de la guerre.
Poutine, sous le coup d’un mandat d’arrêt lancé par le CPI pour des crimes de guerre en Ukraine (dont la déportation d’enfants ukrainiens vers la Fédération de Russie) ne peut que se réjouir des divisions suscitées par les mandats lancés contre Nétanyahou et des premières annonces de Donald Trump. Mais il doit aussi tenir compte de la crise de surchauffe de son économie de guerre et de l’inflation qui en découle, des difficultés de recrutement malgré les larges avantages promis aux engagés. Pour lui aussi le temps est compté.
La décision du président encore en fonctions des États-Unis, Joe Biden, suivie maintenant par la Grande- Bretagne et la France, d’autoriser Kyiv à lancer des missiles dans la profondeur du territoire russe vise peut-être à dissuader la Corée du Nord et d’autres pays d’impliquer leurs soldats dans les combats mais surtout à permettre aux Ukrainiens et aux Ukrainiennes de se défendre en frappant les aéroports militaires, les arsenaux, les pas de tirs.
L’Ukraine a le droit et le devoir de se défendre, il faut lui en donner les moyens. Rapidement avant qu’il ne soit trop tard.
L’Ukraine va devoir compter essentiellement sur l’Europe pour lui fournir armes et munitions, ce que celle-ci fait aujourd’hui avec parcimonie. Mais l’Europe est divisée.
La Russie, depuis des années, pèse de tout son poids économique et idéologique pour trouver des soutiens et accroître cette division. Ses alliés nationalistes et conservateurs se renforcent et même remportent les élections dans certains pays de l’Union européenne.
En février 2025, cela fera trois ans que le peuple ukrainien a repoussé une attaque massive sur son territoire. Mais la guerre commencée en 2014 continue, le front subit des assauts constants dans le Donbass et les troupes aguerries co mme la population sont épuisées. La conscription pour la relève se révèle d’autant plus difficile qu’elle se confronte aux politiques économiques menées antisociales, à l’affaiblissement des services publics et à un traitement inégalitaire.
Le peuple ukrainien solidaire s’auto-organise, aide les combattant.es mais les contre-réformes néolibérales du gouvernement Zelenski ne peuvent qu’aggraver son épuisement. Et pourtant, les Ukrainiens et les Ukrainiennes résistent et refusent encore, majoritairement, tout renoncement à une partie du territoire. La gauche ukrainienne exprime cette volonté : « De l’Ukraine à la Palestine, l’occupation est un crime. »
Les négociations éventuelles doivent se dérouler dans la transparence et sous contrôle populaire. En Ukraine, comme au Proche-Orient et dans l’ensemble du monde, les populations refusent de vivre sous occupation et luttent pour leur indépendance et la possibilité de décider pour elles-mêmes.
Jamais, dans ce siècle, la paix mondiale n’aura été autant menacée.
La « paix des forts » n’est jamais qu’une étape dans un embrasement généralisé ; la paix juste et durable ne peut passer que par la défaite des agresseurs, leur retrait des territoires occupés et la garantie de l’indépendance des peuples.
C’est pourquoi, plus que jamais, nous devons nous mobiliser aux côtés du peuple ukrainien !
Le 30 novembre 2024