Porte-avions à propulsion nucléaire, c’est non !

Le mardi 25 mai 2021, la presse (Ouest-France, Presse Océan, …) s’est fait l’écho de la préparation des industriels de l’industrie navale implantés en Loire-Atlantique (Naval Group et Chantiers de l’Atlantique)  pour la construction du prochain porte-avions français, en indiquant qu’il serait à propulsion nucléaire.

Il est vrai qu’Emmanuel Macron, lors de son discours au Creusot (71) le 8 décembre 20201, avait indiqué que le prochain porte-avions serait à propulsion nucléaire. Pourtant, ce n’est pas au président de la République de décider de cela mais au Parlement à travers la Loi de Programmation Militaire qui est pluriannuelle. Celle en cours (2019-2025) n’a d’ailleurs budgété « que » le développement du programme de porte-avions (sans déterminer son mode de propulsion) pour 154 millions d’euros sur un coût total de 5 à 10 milliards d’euros2. D’ailleurs, le contrat n’interviendrait que lors d’une Loi de Programmation Militaire suivante. Mais ce n’est pas le plus important même si cette politique du pouvoir exécutif et surtout du complexe militaro-industriel qui veut faire croire au fait accompli est clairement antidémocratique.

En effet, la propulsion nucléaire, cela signifie que le porte-avions aurait, comme le Charles de Gaulle actuellement, à son bord deux réacteurs nucléaires, avec les conséquences qui vont avec : production supplémentaire de déchets nucléaires dont on ne sait que faire, effluents radioactifs liquides et gazeux, risques d’accidents nucléaires en mer, sur son port d’attache (Toulon) et ses ports d’escale (Brest,…).

Lors de son discours du Creusot, Emmanuel Macron a lié le nucléaire civil et le nucléaire militaire. Il est vrai qu’avec le fiasco des EPR, le lobby nucléaire envisage éventuellement des « petits réacteurs modulaires » (Small Modular Reactors, SMR) qui sont issus des réacteurs de porte-avions nucléaires et des sous-marins à propulsion nucléaire, plus petits que les réacteurs nucléaires actuellement en fonctionnement et les EPR mais sans doute avec les mêmes malfaçons et falsifications, simplement couvertes aujourd’hui par le secret défense, et surtout avec un coût de production du kWh électrique aussi peu compétitif que celui des EPR et des réacteurs actuels3 vis-à-vis des énergies renouvelables, stockage compris.

De plus, le nucléaire militaire, ce n’est pas que la propulsion, ce sont aussi les armes nucléaires déployées depuis les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins et depuis des avions Rafale, qui peuvent d’ailleurs opérer depuis le porte-avions Charles de Gaulle.

Ces armes nucléaires sont des armes de destruction massive qui, comme telles, ciblent spécifiquement les civils4 et sont interdites par un traité d’interdiction, le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN), en vigueur depuis le 22 janvier 2021 mais superbement ignoré par les neuf pays détenteurs de l’arme nucléaire dont la France.

Enfin, dans le contexte des élections régionales, il est à noter que le Conseil régional des Pays de la Loire a abondamment subventionné les industriels du nucléaire comme Naval Group et le CEA, et ceci, depuis au moins les deux derniers mandats (Auxiette d’une part et Retailleau/Morançais d’autre part). Ce subventionnement a été fait au nom des énergies marines renouvelables (EMR) dont on n’a bien entendu pas vu la couleur5. Pour ajouter le scandale au fiasco, ces subventions sont irrégulières vis-à-vis du droit européen des aides d’État, en particulier du fait de leur intensité (jusqu’à 100%) et de leur manque de transparence (rabais de loyers dans les bâtiments Technocampus en particulier).

Les électeurs et électrices ne doivent pas élire des listes qui ne s’engageraient pas à récupérer la totalité de ces subventions (et avec intérêts conformément à la réglementation européenne), à sortir ces industriels des locaux qu’ils louent au Conseil régional et à mettre un terme à la construction actuellement en cours d’un bâtiment pour le CEA, allée du Rayon Vert à Bouguenais, à proximité de Technocampus Ocean.

Sortir Du Nucléaire Pays Nantais, 28 mai 2011

Résumé

 

1° Le pouvoir exécutif et le complexe militaro-industriel veulent mettre devant le fait accompli de la propulsion par l’énergie nucléaire du projet de nouveau porte-avions.

2° Un nouveau porte-avions nucléaire, ce serait la production de déchets nucléaires et d’effluents radioactifs supplémentaires, et la poursuite du risque nucléaire (jusqu’en 2080).

3° Le lobby nucléaire a aussi le projet de petits réacteurs modulaires qui ne sont rien d’autre que des réacteurs nucléaires de sous-marins ou porte-avions.

4° Le nucléaire militaire, c’est aussi (et surtout) les armes nucléaires qui sont des armes de destruction massive qui ciblent les civils et font l’objet d’un traité d’interdiction, le Traité sur l’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN) que la France refuse de signer et ratifier.

5° Le Conseil régional des Pays de la Loire subventionne outrageusement les industriels du nucléaire qui sont impliqués dans ce projet de porte-avions. Ce subventionnement a été fait au nom de projets d’énergies marines renouvelables portés par ces industriels du nucléaire qui ne se sont finalement pas concrétisés.

1https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2020/12/08/deplacement-du-president-emmanuel-macron-sur-le-site-industriel-de-framatome

2« La Direction générale de l’armement (DGA) a procédé à de premières évaluations de coût. Malgré nos demandes, nous n’avons toutefois pas pu obtenir de précisions, notamment sur les coûts respectifs de l’option nucléaire et de l’option conventionnelle […]. », Porte-avions de nouvelle génération, rapport d’information du Sénat n° 559 du 24 juin 2020, http://www.senat.fr/rap/r19-559/r19-5595.html. Donc même les parlementaires sont écartés de la réflexion sur les coûts.

3EDF envisage de rafistoler les réacteurs actuels à grands frais (« grand carénage ») malgré certains éléments qui ne sont ni réparables ni remplaçables (cuve et enceinte de confinement en particulier).

416 missiles M51, porteurs chacun de 10 ogives nucléaires de 100kt chacune, soit plus de 1000 fois Hiroshima par sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE).

5Notamment éolien offshore flottant (Winflo) et hydroliennes (OpenHydro).