Prendre sur le livret A pour financer six nouveaux EPR ?

La formule traditionnelle dit que le livret A est l’épargne préférée des Français.es ; il est vrai que 55 millions de livrets sont ouverts. Serait-ce parce qu’il est garanti par l’Etat, exonéré d’impôts et de prélèvements sociaux ? Plafonnés à 22 950€, la grande majorité des dépôts ne dépasse pas le ¼ du plafond.

Fin décembre 2022, l’épargne déposée sur le livret A et le LDDS (livret développement durable et solidaire qui connaît le même régime) atteignait 509,7 milliards, dont 375,4 milliards pour le seul livret A. (source CDC) Celle-ci est utilisée pour le logement social, construction ou réhabilitation, et pour les dépenses d’économies d’énergie, la transition écologique. Son taux de rémunération est passé le 1er février 2023 à 3%, toujours très nettement inférieur à l’inflation.

Déjà en 2020, face à la crise économique causée par la pandémie, la CDC (caisse des dépôts et consignations) avait mobilisé 26 milliards sur les 100 prévus par le plan de relance du gouvernement. (source économie.gouv) C’est vrai, financer les entreprises grâce à l’argent des particuliers, ce n’est pas nouveau, mais ça n’en reste pas moins illégitime, au regard des autres possibilités existantes.

Macron vient d’annoncer qu’il songeait sérieusement à pomper sur le livret A pour financer la construction de nouveaux EPR. Selon EDF, la construction de 6 EPR impliquerait des chantiers d’une dizaine d’années, pour un coût total de 46 milliards d’euros. On peut légitimement douter et des délais et du coût au vu des expértiences passées.

On peut aussi légitimement mettre en doute la nécessité même de ces constructions. Pour parvenir à la neutralité carbone dans la production d’énergie, RTE (réseau de transport d’électricité) détaille six scénarios. Trois d’entre eux ne font pas appel à de nouveaux EPR.

Enfin on peut s’indigner qu’en l’absence de tout débat public sur le nucléaire « on » décide que l’argent des petit.es épargnant.es pourrait être utilisé à autre chose qu’à sa destination principale, le logement. Les offices d’HLM éprouvent des difficultés à construire par manque de foncier disponible à un prix raisonnable, ou par manque de fonds propres argue Macron. La solution logique est-elle de les aider parce que le besoin de logements est trop criant, que trop de personnes subissent le mal logement, dans des passoires énergétiques ou sont à la rue ? Non. Non, pour Macron la logique c’est de profiter de l’aubaine d’une épargne disponible pour la détourner de son objet.

En plein mouvement social pour les retraites, espère-t-il que cela va passer inaperçu ? Le gouvernement renonce déjà à réclamer la dette sociale des entreprises, veut faire reculer l’âge de départ à la retraite accentuant la pauvreté des précaires et les inégalités femmes/hommes, et veut maintenant nous faire avaler le nucléaire et la renonciation au droit au logement en même temps ?

Gageons que ce gouvernement va éprouver sous peu ce que colère populaire veut dire.

Ensemble mobilise pour que le Livret A ne serve pas à la construction des EPR !

Le 9 février 2022