Solidarité avec les peuples des Antilles !

Ensemble! exprime sa solidarité avec les peuples des Antilles actuellement mobilisés.

Les principales exigences exprimées dans ces mobilisations sont à la fois sociales et égalitaires. L’exaspération générale s’explique par l’accumulation des difficultés sociales et l’héritage colonial qui se traduit par de très fortes inégalités au détriment des populations antillaises, dans des territoires où la plus grande part de la propriété foncière reste toujours aux mains des familles békées qui continuent de confisquer les richesses antillaises.

L’expérience de la grève générale de 2009, avec l’irruption du LKP et un accord dont plusieurs mesures n’ont toujours pas été satisfaites, de même que l’énorme scandale du chlordécone, sont dans toutes les mémoires.

Ces deux événements ont largement contribué, dans un contexte de situation coloniale, à décrédibiliser complètement la parole publique et à susciter une méfiance généralisée des populations antillaises vis-à-vis de l’Etat français.

C’est ce qui explique, pour une large part, les réticences d’une partie notable de la population face à la nécessité de la vaccination de masse, pourtant indispensable face à la pandémie, et l’impact des courants anti-vax et des discours complotistes.

Mais ces éléments négatifs, montés en épingle par une grande partie des médias et par le gouvernement, ne sont qu’une composante des mobilisations en cours.

Le recours à la répression, à la violence et à la criminalisation du mouvement social, est l’arsenal classique utilisé en métropole comme dans les confetti de l’empire.

Les exigences des mobilisations se traduisent par des revendications précises qui concernent

entre-autres la vie chère et les salaires mais aussi la défense des services publics notamment dans la santé et l’éducation. Ces revendications doivent être satisfaites !

Ensemble!, fidèle à sa tradition anticolonialiste exprime son soutien aux revendications largement défendues par la population antillaise et ses organisations et qui sont le terreau de la révolte de la jeunesse antillaise et rappelle enfin son soutien au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, au droit des peuples des Antilles à l’autodétermination et à la liquidation de la situation coloniale.

30 novembre 2021

 

Les Antillais méritent toute notre solidarité (La Lettre d’Ensemble!)

Au 15ème jour de « l’insurrection » en Guadeloupe, le ministre Lecornu est enfin là ! Le premier contact direct avec le collectif de lutte aura duré… 10 minutes, suite à sa demande qu’il condamne les violences. De leur côté, les syndicats demandent des négociations sur les 32 revendications sociales et économiques, dont l’arrêt des suspensions et des poursuites. Et ils appellent au renforcement des barrages.

Quelle est l’étendue de la grève ? Les écoles, des services publics sont fermés, des entreprises sont à l’arrêt car le personnel ne se présente pas. En Guadeloupe, il suffit de quelques centaines de personnes pour paralyser le réseau routier. Le 27, deux ‘déboulés’ organisés par le LKP ont réuni des milliers de personnes, comme lors du carnaval. C’est le symbole d’une identité qui s’affirme à chaque mouvement social, notamment dans la jeunesse.

Quoi qu’il en soit, l’impact est énorme. Des barrages surgissent de nulle part. Même quand ils sont levés il faut slalomer entre les carcasses de voitures et les pneus. Des magasins ont été pillés et saccagés. Des soins médicaux sont reportés, la collecte du sang est au ralenti, les dialysés doivent attendre. Une partie du personnel médical aurait subi des menaces et des agressions. Les élèves sont renvoyés chez eux après des mois de perturbations dues au Covid, ce qui est grave dans un pays qui connaît un fort échec scolaire.

Les causes profondes sont connues, alors que nous avons l’impression qu’il faut barrer et descendre dans la rue pour que le gouvernement et les médias français s’y intéressent. On entend partout, « La Guadeloupe va mal ! » Le scandale du chlordécone a marqué les esprits, l’eau peine à revenir dans les robinets, le système de santé est à l’agonie, des communes sont en faillite, des denrées essentielles hors de prix. Les jeunes plus formés s’expatrient, les autres se débrouillent comme ils peuvent. Comme partout dans de pareilles circonstances, il y a de la délinquance, on braque une petite épicerie pour quelques euros …

C’est le refus de l’obligation vaccinale pour les soignants et les pompiers qui a déclenché le mouvement en cours. Et c’est un élément qui ne va pas de soi pour l’ensemble de la population, dont 40% sont vacciné-e-s (ce serait 90% chez les soignants). La composante ‘anti-vax’ du mouvement est importante, et sa direction ne s’en dissocie pas.

Il y a des critiques des méthodes des grévistes, une crainte des conséquences pour un tissu économique et social déjà fragilisé, une méfiance à l’égard des indépendantistes à la tête du syndicat le plus en vue, l’UGTG. Mais les raisons de la colère sont fortes. Le pouvoir sous-estime les souffrances de la population et réagit avec l’arrogance de l’ancienne puissance coloniale. Le couvre-feu et l’envoi de troupes anti-terroristes résument la faillite de sa politique. La crise est sociale, démocratique, identitaire. Quand les horizons sont bloqués, la révolte est nécessaire et légitime.

Le 29 novembre, un militant d’ENSEMBLE ! depuis la Guadeloupe