“Un pays solidaire”, déclaration de Marisa Matias

Sans surprise, le candidat de centre-droit et président sortant Marcelo Rebelo de Sousa a été réélu président de la République du Portugal  avec un peu plus de 60% des suffrages (60,7% et 2 533 799 voix). La candidate socialiste Ane Gomes arrive en seconde position avec 541 345 voix, 12,97% et le candidat d’extrême-droite André Ventura en troisième avec 496 653 suffrages, 11,9%.

Le candidat PCP.CDU Jao Ferreira obtient 180 473 voix, 4,32%, devant Marisa Matias du Bloc de gauche avec 164 731 voix, 3,95%.

Les deux derniers candidats de droite libérale, Tiago Mayan Goncalves et Vitorino Silva obtiennent respectivement 134.427 votes, 3,2% et 122 733 votes, 2,9%.

En pleine pandémie, cette élection présidentielle a été marquée par une abstention légèrement supérieure à 60%. Taux de participation définitif 39,5%

Ne le cachons pas, ce résultat est mauvais pour nos camarades du Bloc de gauche, le pire que nos camarades aient connu à une élection présidentielle et loin des 500 000 voix obtenus aux législatives de 2019 (9,52%) leur permettant d’obtenir 19 sièges de députés, le PCP/CDU recueillant alors 332 000 voix et 12 élus.

Le leader de Chega (l’extrême-droite) recueille plus que les voix des communistes et des bloquistes réunis) titre en « une » le Jornal de Noticias de ce lundi matin, après avoir indiqué que l’abstention n’a pas été aussi catastrophique qu’annoncé et que Marcelo a été largement réélu.

Nous publions ci-dessous la déclaration de Marisa Matias dimanche soir après l’annonce des résultats :

“Je veux commencer par remercier les milliers de personnes qui ont été aux bureaux de vote de tout le pays aujourd’hui. Dans une période si difficile, ils ont assuré la sécurité de tous de manière exemplaire. Merci. Merci.

J ‘ ai déjà envoyé à Marcelo Rebelo de Sousa mes félicitations pour sa victoire. J ‘ ai aussi parlé à Ana Gomes pour lui dire à quel point j’aime voir sa franchise et sa solidarité au-dessus des arnaques et de la haine de Ventura.

Les résultats électoraux, comme nous le voyons, ne sont pas ceux que nous espérions et sont loin de l’objectif que nous avons défini. Il y a une donnée très préoccupante : la droite est en reconfiguration et beaucoup de ses électeurs ont voté pour un candidat de l’extrême droite.

Je tiens aussi à remercier ceux qui ont été avec moi dans cette campagne, qui m’ont confié leur vote. Et je veux vous assurer que je suis ici comme toujours avec plus d’énergie que jamais pour nos combats communs. Pendant cette campagne, j’ai été avec des gens de lutte, des gens qui n’abandonnent pas les gens qui font ce pays pour leur dire que je suis avec eux. J ‘ ai donné le meilleur de moi dans ce combat Le résultat n’est pas ce que je souhaitais, ce n’est pas ce que méritaient les gens qui m’ont accompagnée et donné de la force. Ce résultat n’est pas non plus un manque de comparution. Aujourd’hui comme hier, demain comme aujourd’hui, je serai là pour tous les combats, pour gagner et perdre, comme tout le monde le fait. Je tiens à vous remercier pour tous les messages de soutien que vous m’avez envoyés pendant la campagne – et aussi ce soir.

Les combats que nous avons devant nous sont difficiles et fondamentales. Un pays solidaire, c’est notre tâche.

Un pays solidaire, qui rejoint le service national de la santé et ses professionnels, notre plus grande arme contre la pandémie. Qui exige un investissement urgent et lutte contre sa transformation en entreprise. Défendre la démocratie, comme l’ont fait tant de Portugais aujourd’hui, c’est défendre l’une de ses plus belles réussites. Une conquête que nous avons construite ensemble pour nous protéger tous. Nous ne les laisserons pas détruire.

Un pays solidaire, qui n’accepte pas la crise et la division comme politique, devra respecter ceux qui vivent de leur travail et lutter contre la précarité en redonnant espoir aux jeunes générations et qui ont été les plus sacrifiées dans toutes les crises. Un pays qui prend la dignité au sérieux devra soutenir les plus fragiles et ceux qui les prennent en charge. Nous ne pouvons pas nous résigner à l’abandon. Un pays avec un avenir est ce qui répond à l’urgence climatique. Un pays décent est celui où l’égalité n’est pas lettre morte mais concrète. Que personne ne se sent exclu par la couleur de sa peau ou son orientation sexuelle. Qu ‘aucune femme ne se sente mineur.

Un pays solidaire de gens pareils. La fantastique solidarité ′′ Rouge à Belém ′′ a une signification profonde. Au-delà de l’élection, il reste un engagement profond avec chaque femme et chaque fille, et chaque homme aussi, qui le combat pour l’égalité et la fin des violences faites aux femmes. Nous continuons ensemble ces chemins. Ils savent que j’ai toujours été là, ils savent qu’ils continuent à compter sur moi tous les jours”.

Ensemble! a décidé d’envoyer un message de soutien aux camarades du Bloc de gauche. Ce message a été transmis à Catarina Martins, coordinatrice nationale et députée :

Chère Catarina Matins, chers camarades du Bloco,

C’est avec intérêt et attention que, depuis le 9 septembre et l’annonce de la candidature de Marisa, nous avons suivi votre campagne présidentielle.

Mener une campagne électorale sans réellement pouvoir aller au contact de la population du fait de la pandémie était un défi supplémentaire pour le parti révolutionnaire qu’est le Bloco. Sur tous les axes, qui nous sont communs, défense du système de santé, lutte contre le racisme et pour l’égalité, réponses éco-socialiste à la crise climatique, justice sociale et bataille pour l’emploi, solidarité internationale, Marisa Matias a cependant inlassablement porté les réponses et propositions du Bloco.

Le résultat de dimanche soir, loin des attentes et des espérances, est évidemment une déception que nous partageons.

La réélection, certes sans surprise, de Marcelo Rebelo de Sousa n’est pas une bonne nouvelle ni pour la gauche ni pour le pays ni pour l’Union européenne. Le résultat du démagogue leader de l’extrême-droite, qu’est venue soutenir Marine Le Pen, est autrement plus grave, il constitue un danger et sérieux avertissement.

Nous avons lu, avec là encore beaucoup d’attention, le discours de Marisa Matias dimanche soir puis celui de Catarina Martins au nom du Bloco. Ces deux interventions donnent beaucoup de clés pour comprendre et, surtout, pour armer les militantes et militants afin que le Bloco continue d’être une force utile pour la classe ouvrière et la jeunesse et pour le pays tout entier en continuant de proposer des réponses écologistes et anticapitalistes à la crise et d’aider à la mobilisation des salariés et de la population. Elles disent aussi l’importance du travail qui reste à faire pour s’opposer à la progression de l’extrême-droite.

Parce que le Bloc de gauche a montré, depuis plus de 20 ans maintenant, sa capacité à rassembler, proposer et mobiliser pour construire une société solidaire, nous savons que, collectivement et démocratiquement, vous saurez relever ces défis.

C’est avec cet espoir que nous vous assurons chère Catarina Matins, chers camarades du Bloc de gauche, de la solidarité et de l’amitié des militantes et militants d’Ensemble !, mouvement pour une alternative de gauche, écologiste et solidaire.