Hommage à Gilles Perrault

Gilles Perrault nous a quittés le jeudi 3 août.

La presse a principalement rappelé qu’il était l’auteur du Pull-over rouge, livre enquête sur l’affaire Ranucci, dont l’écho ne fut pas étranger à l’abolition de la peine de mort quelques années plus tard.
Ce n’est pas sans raison que cet ouvrage peut être présenté comme emblématique de ce que fut Gilles Perrault : après avoir été avocat puis journaliste, il se consacra à la littérature, exerçant sa plume brillante au service de la justice et de la vérité.

Mais Gilles Perrault, ce fut beaucoup d’autres livres, dont certains majeurs et au service de ces mêmes causes. De manière courageuse, avec Notre ami le roi il dénonça le régime marocain, les remous qui s’ensuivirent ont aidé à la libération des geôles de l’opposant Abraham Serfati, appelé après Mandela à devenir le plus ancien militant politique emprisonné.

Face au danger de la progression de l’extrême droite, il fut un des initiateurs de l’association Ras l’front.
Le combat contre le colonialisme fut aussi une des causes qui le mobilisa à diverses occasions. Un de ses livres majeurs, Un homme à part, est consacré au militant anticolonialiste Henri Curiel, assassiné à Paris et dont l’importance de son action fut longtemps méconnue.

En juillet 1989, le gouvernement français commettait “ce contresens historique et cette faute de goût” consistant à organiser à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française, outre une fastueuse commémoration tape à l’œil, un sommet des 7 pays les plus riches du monde. Suite à l’appel “Contre la dette, l’apartheid et les colonies”, s’organisa un contre-Bicentenaire, avec manifestation et concert géant place de la Bastille à Paris. Gilles Perrault était sur scène aux côtés du chanteur Renaud pour dire “Ça suffat comme ci”.

Pour Gilles Perrault, homme discret, une telle mise en lumière n’était pas dans ses habitudes.
En revanche, une fois de plus il montra qu’il ne se récusait pas lorsque des combats avaient besoin de lui, ce qui à l’époque la conduisit à un compagnonnage dans la durée avec la LCR.

Lorsqu’il y a quelques années il participa à une soirée de la Société Louise Michel, dont il était un des membres fondateurs, ce fut pour parler d’un livre – Dictionnaire amoureux de la résistance – dans lequel il a certainement donné beaucoup de lui-même et qui dit bien ce qu’il fut : un résistant.

Pierre Bellenger, Philippe Binet, Philippe Pignarre, Francis Sitel, Philippe Valls
(Membres de la Société Louise Michel, anciens militants de la LCR)